Ancienne Organisation Administrative du Viêtnam
L'Empereur est souverain pontife, législateur et juge suprême.
Son autorité trouve certaines limites.
La plus importante est la notion confucéenne du « MANDAT CELESTE ». L'Empereur est « FILS DU CIEL ».
« Le Ciel auguste n’a pas de favoris ; il ne favorise que la vertu. La faveur du peuple n’est pas invariable : il n'aime que les princes bienfaisants » (Confucius).
C'est ainsi que la doctrine confucéenne intègre dans une philosophie de l'ordre le principe de la révolution.
Si le Prince faillit à sa mission, le peuple assume le droit à la révolte.
La deuxième limite est l'autonomie communale.
La commune forme une unité religieuse, politique et économique centrée autour du dinh, la maison commune où se dresse l'autel du Génie Tutélaire (généralement l'ancêtre fondateur).
L'autorité du roi commence là où s'arrête celle du village. La commune est une personne morale jouissant de tous les droits civils. En somme une mini république.
Le CO MAT composé des quatre dai hoc si ou grands chanceliers appelés les quatre colonnes de l'empire.
Le Maréchal du Centre. C'est de lui que relèvent la politique intérieure et extérieure et la défense du pays .
Le NOI CAC qui joue un rôle de supervision de l'administration.
L'Empereur est assisté d'un Grand Tribunal d'appel et d'une cour de cassation.
Le Tông Doc est un très haut fonctionnaire, il a rang de ministre. Il gouverne, il n'administre pas.
Le CENSORAT qui exerce un contrôle universel avec droit de regard sur la vie publique aussi bien que privée de tous les mandarins et du monarque lui-même.
Fils du ciel
Vocation Verticale
Dans la Tradition Vietnamienne, le monde terrestre ne peut devenir l'homologue du monde céleste que par l'intermédiaire du monde royal, échelle entre le Ciel et la Terre, axe et pivot du monde, origine du temps et de l'espace. L'Empereur, ayant une liaison directe avec la volonté céleste, va promulguer ses ordonnances mensuelles, où il va concorder l'évolution du "âm” (Yin) et du "duong” (Yang) avec la vie humaine terrestre.
L'Empereur fixe le calendrier pour ses sujets afin de prendre possession de l'ordre cosmique. Suivant les lois géomantiques, le cosmos peut être non seulement figuré, mais réellement rendu présent dans un espace quelconque : palais, jardin, etc... Le souverain vit au cœur de la Cité impériale, dans le “Tu-câm-thanh”, la cité pourpre interdite, elle-même microcosme magique dont la domination entraîne celle du macrocosme.
L'identité entre le monde céleste et le monde Impérial est telle que l'administration de l'un prolonge celle de l'autre, qu'il y a des dieux et des génies fonctionnaires. En tant que tels, ils peuvent être l'objet soit d'avancement, soit de rétrogradation de la part du souverain terrestre ou de ses représentants qualifiés, ayant autorité sur eux.
Si tout homme est un agent actif et responsable de l'harmonie du Monde, l'Empereur l'est à la plus haute puissance. Fils du Ciel dont il tient sa mission, il est l'ordonnateur de toutes choses et de ses actes dépend l'harmonie des êtres et des choses.
L'investiture par le Ciel est la base. Le pouvoir suprême n'est reconnu qu'à celui qui tient du Ciel sa souveraineté. L'Empereur représente seul le Ciel et la Terre et, à ce titre, lui sont dus, sans contestation possible, obéissance et respect. Le protocole impérial exigeait que tout le monde se prosternât devant le Fils du Ciel et porter le regard sur son auguste personne était une faute grave.
Au passage de l'Empereur le peuple courbe le front et baisse les yeux. Le caractère sacré exige le mystère. Le pouvoir du Fils du Ciel s'exerce dans l'isolement du palais, derrière le paravent. Ses attributions s’étendent aussi bien à l'ordre temporel qu'à l'ordre spirituel.
L'Empereur est à la fois le souverain pontife, le juge suprême, le père et la mère de ses sujets. Ce pouvoir absolu n'est tempéré par aucune Constitution écrite. Il ne trouve de limite que dans la morale pratique définie par la doctrine Confucéenne.
Vocation Horizontale
"L'Empereur est la clé de voûte de l'armature sociale. Chef d'une monarchie pure et absolue, il n'a aucune classe aristocratique qui le sépare de son peuple. Ses représentants, ses intermédiaires, les mandarins, sortent du peuple et leurs descendants y retournent s'ils n'ont pu eux-mêmes s'élever par le mérite et le concours au même rang. L'aristocratie héréditaire n'existe pas en Annam. Seuls en présence, l'Empereur et le peuple, ce peuple qui dans ses communes constitue le contrepoids au pouvoir de l'Empereur.
On a coutume de dire au Vietnam "le pouvoir de l'Empereur s'arrête à la porte du village". Pourtant, l'Empereur a un droit éminent sur tout le territoire, mais il se dépossède de ce droit dès que la terre est mise en culture. Il cède, alors, à un de ses sujets la plénitude du droit de propriété à cette seule condition que la terre redevenue inculte et pour laquelle l'impôt resterait impayé doit faire retour de plein droit à l'Etat. Si donc un territoire est vacant et qu'il se trouve un homme capable avec sa famille et quelques autres qu'il groupera autour de la sienne, d'entreprendre l'exploitation de ce territoire, il demande en son nom et en celui de ceux qui veulent le suivre, au mandarin provincial, à jouir de cette terre en friche pour y fonder une commune.
Dès que ce droit est concédé, la nouvelle commune est fondée et la propriété individuelle établie pour chacun des cultivateurs groupés au sein de l'association communale. La commune, ensemble des terres et des habitations, est une personne morale qui peut posséder, acheter, administrer et vendre, sous réserve de quelques restrictions concernant les pagodes et les objets du culte.
La commune s'administre donc elle-même. Elle participe à l'établissement de l'assiette de l'impôt et le perçoit, accomplit les travaux d'utilité publique, assure la police sur son territoire. Elle a son budget, c'est une personne libre, sorte de petite république dont les affaires intérieures échappent au pouvoir de l'Empereur. La commune, qui généralement regroupe un village principal, des hameaux et des groupes de maisons isolées, est l'unité administrative de l'Annam. Elle est dépositaire du rôle des impôts personnels et fonciers, ce dernier constituant le cadastre.
La mise en valeur du domaine communal est réalisée par la commune elle-même qui fait effectuer, grâce à des corvées, l'entretien et la réparation des chemins, des canaux, des digues, de la haie qui entoure le village, de la maison commune et de la pagode. Comme elle fait assurer la surveillance sur l'ensemble des champs et la sécurité de ses membres. Cette surveillance est particulièrement importante à la période des crues. A cette époque, toute la population suit avec anxiété la montée des eaux, sans cesse le tam-tam bat pour signaler tel ou tel point des digues qu'il convient de consolider pour sauver de l'inondation champs et villages.
Les notables qui administrent la commune constituent une sorte d'aristocratie terrienne. Ils se recrutent entre eux, tant parmi les propriétaires de terres que parmi les habitants qui jouissent d'une grande réputation de respectabilité et d'habileté. A ceux-là, viennent parfois s'ajouter des notables honoraires, anciens mandarins qui peuvent assister leur village de leurs conseils et de leur influence.
Le chef du village sera généralement un honorable vieillard. En Annam, l'âge confère toujours de grands privilèges. Les lois de la politesse sont fondées sur le respect dû à l'âge. A un vieillard, serait-il misérable, on s'adresse toujours en le traitant de "ong”, c'est à dire "seigneur”. Le chef de village préside le conseil des notables, il est chargé des cérémonies rituelles, assure les fonctions de juge de paix et détient le budget et les rôles d'impôts. Divisé en notables majeurs auxquels appartient la direction des affaires communales et en notables mineurs auxquels est confiée l'exécution de ces affaires, le Conseil veille non seulement à la bonne gestion de la commune mais encore exerce une tutelle générale sur les jeunes gens, sur les veuves, sur les vieillards et les habitants pauvres. Chaque village doit assistance obligatoire à tous ses enfants.
Les relations avec l'administration centrale sont assurées par un notable élu qui n'est que l'agent accrédité officiellement dans cette fonction d'intermédiaire. Il est toutefois responsable de la police. Son élection, soumise à l'approbation de l'autorité administrative, en fait le bouc émissaire qui paie pour la collectivité communale dont il endosse toutes les fautes commises par les membres.
Comme la famille a son culte des ancêtres, le village a son culte des génies. Ces génies, en général, ne sont autres que les fondateurs eux-mêmes du village. A l'origine, la réunion des chefs de famille forme le conseil des notables de la commune et le plus âgé d'entre eux est le grand prêtre de la nouvelle cité. Si plus tard des hommes ont illustré le village par leur vertu, leur valeur ou leur savoir, ils recevront, eux aussi, les honneurs posthumes. C'est une gloire pour le village de voir triompher un de ses enfants dans un concours de lettrés ou devenir un mandarin des deux premiers degrés. Avec le temps, certains de ces hommes, fondateurs de la commune, lettrés ou mandarins, auront dans leur village d'origine, une pagode, une stèle, où, en venant leur rendre les honneurs rituels, on apprend à connaître et à aimer leurs hautes vertus et leur profonde sagesse.
Culte dû à ceux dont la vie fut un exemple, telle est la religion des villages. Le souvenir de ces hommes exemplaires, poétisé par l'éloignement et la légende, les transforme en génies tutélaires. Leurs vertus passées constituent le palladium du village. Le peuple les mêle à d'autres hommes que le temps a fait entrer à jamais dans le royaume du surnaturel et leurs temples se confondent peu a peu avec les autels dédiés à d'autres génies. Ainsi sont-ils associés aux joies, aux fêtes, aux travaux, aux souvenirs du village comme des ancêtres vénérables qu'on tient à honorer et qu'on écoute avec respect.
Le culte des génies se célèbre à la pagode. Aussi, le villageois annamite veille t-il à la beauté de la pagode dont l'entretien est assuré par le revenu d'une part des terres communales inaliénables. Mais les génies sont aussi soumis au pouvoir rituel de l'Empereur.
L'Empereur peut également accorder, pour certains, des tablettes d'honneur ou des brevets de mandarinat posthumes. Le brevet, dûment établi par les services du ministère des Rites, revêtu du sceau de l'Empereur, est solennellement remis par le mandarin qui représente l'Empereur dans la province au vieillard le plus âgé du village. Il sera ensuite ramené processionnellement jusqu'à la pagode, enfermé dans un coffret laqué porté à bout de bras : un écrit de l'Empereur doit toujours être placé au-dessus de la foule des sujets.
Tous ceux qui ont ainsi rendu un service de grande importance peuvent un jour devenir des génies et posséder à leur nom une pagode ou une stèle commémorative. Cette organisation, à la fois si complexe, si démocratique, où jamais un notable ne peut agir seul, existe au Vietnam depuis la plus haute antiquité. Avec ses franchises, ses prérogatives, sa vie libre, la commune annamite n'attend de l'Empereur que la protection morale et physique qu'il lui doit.
A la base de l'édifice social se trouve la famille. N'appelait-on pas l'Annam, le pays "des Cent Familles" ?
La famille est la cellule essentielle du système avec son chef, le Père, puis la Mère et enfin les enfants hiérarchisés selon le sexe et l'âge. Ainsi l'enfant mâle le plus âgé est l'héritier naturel. A la mort du père, il devient chef de famille, et le père décédé, prenant dès lors rang d'ancêtre, voit son effigie figurer sur l'autel des ancêtres en remplacement de celle de son père. Les épouses respectives, à leurs décès, étant dûment figurées aux côtés de la représentation ancestrale. En fait de "cultes des ancêtres", l'autel est simplement la place de l'ancêtre le plus "récent" à partir de laquelle il assiste aux événements familiaux dont le plus simple repas est l'exemple.
"Les croyances ancestrales sur l'âme et sur la mort, le culte des morts sont à l'origine, comme en Occident, de la religion domestique en Annam. Chaque famille a ses dieux qui ne peuvent être adorés que par la famille et le prêtre de cette religion toute domestique ne peut être que le chef de famille. Le vivant ne peut pas plus se passer des morts que ceux-ci du vivant. Entre vivants et morts de chaque famille, c'est un échange perpétuel de bons offices. Le père, qui détient le pouvoir reproducteur, peut donc seul permettre la poursuite du culte par les générations futures, à ce titre seul il est tout puissant : chef religieux et chef domestique de la famille.
A son père le fils doit obéissance et respect ainsi que soumission. Dès sa plus tendre enfance, il apprend la vénération qu'il doit porter à son père qui est le lien entre lui et ses ancêtres. Ces ancêtres qui seront mêlés à tous les événements, les joies et les peines de sa vie, toujours présents.
Dès son enfance tout est hiérarchisé. L'enfant appelle son père "maître", la même appellation qu'il doit donner à son professeur. Auprès de son père, il apprend les rites de la religion domestique. Son maître lui donne en même temps éducation et instruction. A travers les préceptes de Confucius, il apprend ses devoirs envers les parents, envers les supérieurs, envers l'Empereur. Ainsi, le jeune Annamite formera son esprit dans un aimable fatalisme, une superstition adoucie de scepticisme, le culte des ancêtres teinté de bouddhisme.
Le code annamite prescrit au fils de nourrir son père. La piété filiale ne doit jamais être en défaut. Le père possède seul l'autorité, il marie ses enfants, à sa guise dispose de ses biens, à condition toutefois que sa volonté soit confirmée par des actes authentiques. Les femmes sont inaptes à rendre le culte puisque, par le mariage, elles quittent leur famille avec qui elles n'ont plus aucun lien pour être adoptées par les ancêtres de leur mari.
Si l'Annamite est polygame, en fait il n'a qu'une femme légitime et des concubines. La femme légitime étant celle qu'on épouse selon les rites et avec solennités. Les biens propres de la femme sont gérés par le mari, mais il ne peut les aliéner sans le consentement de son épouse. Le mariage est conditionné par la famille.
L'immortalité de l'âme est une croyance généralisée en Annam. Aussi le culte des ancêtres comporte t-il deux catégories de rites. Les uns se rapportent à l'âme, les autres à la dépouille mortelle.
Les âmes continuent à vivre dans l'éther. A elles sont offertes des repas rituels et des libations au cours de cérémonies périodiques comportant des prosternations et des formules de prières. Pour que l'âme soit satisfaite, il est nécessaire que soit assuré à la dépouille mortelle un séjour confortable. C'est pourquoi l'incinération n'est pas admise au Vietnam, sauf dans le cas où le corps ne peut être enseveli dans son pays d'origine. Le deuil est strictement réglementé. Comme les divers actes de la famille : autorité paternelle, adoption, mariage, divorce.
Constituée par le lien que lui crée la nécessité de perpétuer le culte des ancêtres, reposant sur le principe de l'unité d'autorité qui n'admet généralement aucune intrusion des pouvoirs publics, ayant son chef, son prêtre, son juge, ses coutumes privées, la famille en Annam forme un tout très homogène. Dans son unité, son indépendance vis-à-vis des pouvoirs extérieurs et la dépendance de tout ses membres vis-à-vis de son chef, résident sa force et sa solidité comme élément de base de la vie sociale.
Toutes ces règles et ces coutumes sont valables pour la famille impériale dont le chef remplit en outre la charge de grand prêtre. Si l'Empereur détient l'autorité suprême, il est lui-même prisonnier de l'étiquette, qui, en Annam règne sur toute chose."
Père de son peuple
"L'exposition développée des vertus sublimes de l'Empereur est la règle des mœurs, l'enseignement le plus parfait, l'enseignement du Roi du Ciel lui-même.
Quand le peuple entend l'exposition développée des sublimes vertus de l'Empereur et met en pratique cet enseignement, sa conduite approche de plus en plus la vertu brillante du Fils du Ciel. Il dit : le Fils du Ciel remplit l'office du Père du Peuple ; il est vraiment le souverain de tout l'Empire."
"Le souverain est exclusivement à tout autre le grand prêtre de la nation ; il a seul le droit de sacrifier publiquement au Ciel. L'Empereur est le père commun, qui prescrit à ses sujets, qui sont ses enfants, ce qu'ils doivent faire, qui les gouverne et pourvoit à tous leurs besoins. Les sujets, à leur tour, sachant que l'Empereur est leur père, se reposent sur lui de tout. Si l'on a besoin des bienfaits du Ciel et des dons de la Terre, c'est l'Empereur seul qui les demande solennellement par des sacrifices propitiatoires.
Ce qu'un père doit à ses enfants et ce que des enfants doivent à leur père, voilà sur quoi est appuyé tout le gouvernement : le culte du Ciel, des Esprits et des Ancêtres, voilà en quoi consiste toute la religion d'une nation la plus invariable dans les maximes qu'elle a une fois adoptées et la plus constante qui soit dans l'univers."
"L'Empereur doit faire régner la paix dans le pays. S'il dirige des expéditions guerrières, c'est uniquement contre les menaces envers la sécurité de l'Empire. La guerre est le seul privilège du Fils du Ciel. Lui seul doit célébrer les triomphes, car aux traités de paix, le Ciel, les Ancêtres et le Sol doivent participer, et seul l'Empereur a l'autorité religieuse nécessaire."
"S'il prend autorité complète au nom du Ciel pour promulguer ses ordonnances et pour faire acte de commandement, il doit, en contrepartie, prendre sur sa personne les expiations des fautes dont il a à rendre compte aux Ancêtres et au Ciel.
L'Empereur doit être entièrement dévoué à son entourage et à ses sujets ; ses devoirs sont ceux d'un père vis-à-vis de ses enfants."
"L'Empereur gouverne avec l'aide de deux conseils et administre en se servant de ses ministres. Le premier conseil, le Conseil d'Etat ou secret, appelé Cô-Mat, est chargé de toutes les questions intéressant le bien de l'Empire. Composé de quatre mandarins des deux premiers degrés, les quatre Colonnes de l'Empire, et de secrétaires, mandarins de rang inférieur, le Cô-Mat dirige le gouvernement en cas d'interrègne.
Après le Cô-Mat, vient le Noi-Cac ou conseil aulique qui est l'intermédiaire entre l'Empereur et les ministères. Divisé en six sections correspondant aux six ministères : Intérieur, Finances, Rites, Justice, Guerre, Travaux publics, ce conseil voit toutes les affaires de l'Empire. Chaque ministère comprend un président, auquel est donné le titre de ministre, deux vice-présidents et deux conseillers qui portent le titre d'assesseurs. Ils sont assistés de secrétaires et de délégués. Un corps d'inspecteurs généraux chargés de mission dans les provinces complète cette administration centrale.
Au Vietnam, l'Empereur ne dispose d'aucun revenu. La Cour lui attribue ce dont il a besoin, met à sa disposition les biens matériels qui sont utiles à l'accomplissement de sa mission, qui peuvent en faciliter l'exercice ou donner un plus grand rayonnement à son autorité. Mais le souverain ne possède rien en main propre. Il n'a pas, comme les monarques occidentaux, de biens personnels. Il n'est, en quelque sorte, que l'usufruitier des biens de l'Empire. Régnant, tout est à sa disposition. S'il vient à quitter le trône il n'a plus rien.
L'ancienne société vietnamienne rassemblait le système social dans la personne de l'Empereur, par qui tout, religieusement, se faisait, jusqu'au fond des villages. Mais s'il sanctifiait cette action, la prescrivant ou la contrôlant, il ne l'assumait pas. Bien au contraire, l'idéal vietnamien est celui du souverain assez sage pour régner sans remuer, "les mains pendantes et les habits dénoués...”
*PS : Certains passages sont extraits du livre de Sa Majesté "Le Dragon d'Annam".
F. Fournier