8/ Au cours de divers stages Taï Tchi que j'ai pu faire, certains enseignants soutenaient qu'il ne fallait pas transpirer durant la pratique et d'autres que si. Quelle est votre opinion?
Joëlle
Durant la pratique du Taï Tchi, l’apprentissage peut choisir un thème de travail différent à l’occasion d’une séance. L’enracinement, la fluidité, l’étirement des méridiens, le placement corporel, la circulation du Tchi, la concentration du Shen et bien d’autres choses sur lesquelles on pourra se concentrer si une manière d’exécuter la forme ne se met pas en place : l’expression spontanée du moment qui est capitale.
Cette expression spontanée répond au besoin de l’état profond du moment dans lequel le pratiquant se trouve quand il débute son enchaînement de Taï Tchi. Selon cet état, la manière dont il va exécuter la forme sera différente. Et c’est là tout l’intérêt de la fonction régulatrice de la pratique du Taï Tchi sur l’organisme, sur les variations du Tchi. Nous ne sommes jamais le même, tout bouge tout le temps. Le quotidien nous stresse et nous dérègle plus ou moins, a toujours un impact sur notre équilibre énergétique. Le Taï Tchi intervient alors pour le rétablir et le préserver en régulant la circulation du Tchi, du Sang et du Liquide Organique, en libérant et en redonnant la mobilité à l’ostéo-articulaire et au tendino-musculaires, selon les besoins du moment.
La question de transpirer ou pas durant l’exécution de la forme trouve sa réponse dans cette fonction régulatrice. Prenons l’exemple d’un coup de froid qui a pénétré l’organisme (type Biao Froid) : les pores de la peau se ferment, le pervers froid ne peut sortir et engendre des céphalées. Dans un tel cas, la sudorification est indiquée comme principe de traitement et le pratiquant de Taï Tchi poussera son travail jusqu’à la transpiration qui permettra de chasser le froid, de l’expulser à l’extérieur par cet émonctoire naturel qu’est la peau, et rétablira ainsi son équilibre énergétique.
Mais au contraire, dans le cas d’un Vide du Liquide Organique, le pratiquant devra s’abstenir de transpirer car sinon, il aggraverait le déséquilibre, la carence, ce qui contribuerait à épuiser le L.O..
Alors doit-on transpirer ou non durant la pratique du Taï Tchi ? Cela dépend… Votre question permet de démontrer, s’il était nécessaire, le lien direct de cette pratique avec la Médecine Traditionnelle Chinoise d’une part et, d’autre part, la nécessité de ne pas se contenter d’une pratique superficielle qui ne permettra pas cette expression spontanée du moment.
F. Fournier