31/ J’ai visité plusieurs écoles qui se disent venir de votre Maître, Maître NGUYEN DAN PHU. Les différences que j’ai constatées sont importantes. Cela passe par les techniques, la couleur de la tenue de pratique et par la fédération souvent différente. C’est déstabilisant : où est l’original, le vrai? Pourquoi ces différences?
Boris
A la question 12 de Victor, vous trouverez une partie de réponse à votre interrogation.
Tout ceci est aussi le résultat de comportements bien humains (qui ne sont pas nouveaux et sont très fréquents dans tous les domaines), de ceux qui n’ont pas poussé bien loin l’étude de l’art.
Souvent au cours de l’histoire on a pu voir que, de l’œuvre d’un Maître, de tout son enseignement, il ne reste que le nom et les gestes apparents. Beaucoup de mouvements sont transformés, d’autres y sont ajoutés, il circule des interprétations et spéculations erronées.
Avec l’héritage qu’a laissé le Maître, en utilisant son nom, certains organisent même des compétitions à la suite desquels ils attribuent des prix et des titres, ce qui suscite des querelles, de la jalousie et de la haine entre les pratiquants des clans devenus adverses alors qu'ils sont tous issus du même Maître.
Autrement dit, l’enseignement du Maître sombre dans la confusion.
La plupart des élèves ne sont attirés que par la technique. Peu parmi eux s'intéressent aux études approfondies, plus ardues et plus exigeantes, mais aboutissant à l'accomplissement de l'Homme.
Rares sont ceux qui cherchent à découvrir le message qu’a voulu transmettre le Maître, qui leur permettrait d'avoir d'autres visions des choses. La plupart font à leur gré plus ou moins extravagant, suivent parfois des rêves fumeux, s’égarent dans leur élucubrations, divaguent….
Alors les fantaisies de chacun vont bon train. On change les techniques, les saluts, les tenues. On va même dans la fédération que le Maître a toujours refusée parce que l’arrivisme personnel y trouve satisfaction… Quand les intérêts personnels sont en jeu, les accommodements avec l’éthique sont vite trouvés. Mais on garde le nom du Maître, c’est bon pour la pub!
Pour ce qui est du Thanh Long, le vrai, l’original, réside bien sûr dans la méthode telle que l’a transmise Maître Phu, mais aussi dans la pratique personnelle qui la pousse jusqu’au bout car c’est cette pratique personnelle qui permet de découvrir où la méthode du Maître peut mener. Pourquoi ? Parce que toute chose est faite de Yin et de Yang. C’est-à-dire d’objectivité et de subjectivité pour tout ce qui concerne l’homme. Ainsi l’objectivité technique de la méthode, le « classique » Thang Long et la subjectivité du pratiquant sont-ils appelés à fusionner par le travail qu’il fourni.
F. Fournier