Réponse à la question de Michèle

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45/ Merci pour votre réponse (NDLR Question 44) qui m’aide à mieux voir qui est mon enseignant. Pouvez-vous m’apporter d’autres informations qui me permettraient d’aller au-delà des apparences qu’affichent mon enseignant svp ?
Michèle

Votre nouvelle question évoque un point important sur lequel il ne faut pas s’arrêter ni se fixer, ou encore par lequel il ne faut pas se laisser séduire: l’apparence de l’enseignant.

Cette apparence s’adresse d’abord au visuel, certains enseignants le savent parfaitement et soignent particulièrement leur look afin que ce dernier fascine le nouvel arrivant. Ce type d’enseignant auréole sa présentation du parfum de l’Asie: la coupe des vêtements, l’ornementation (un dragon par ci, un tigre par là), la couleur, tout doit annoncer le monde exotique de l’Orient. En soignant sa tenue, il sait qu’il rassure sur l’authenticité de ce qu’il fait. Aussi n’hésite t-il pas à achalander sa garde robe, de préférence très colorée, pour présenter une image différente à presque chaque cours ou stage. Un jour en jaune, un jour en rouge, un jour en blanc ou bleu, un jour en noir etc., il séduit par son image. Cela fonctionne très bien auprès de ceux qui aiment les images, et cela convient tout à fait dans notre société actuelle qui base toute la communication sur elles....

Cette apparence est aussi dans le discours. Le vocabulaire dans la langue d’origine est savamment distillé. Les phrases sont ponctuées d’expressions savantes, l’enseignant dit «le Qi ceci, le Qi cela...». Il cite des anecdotes, évoque les légendes à l’occasion. L’enseignant peint parfois un caractère ou idéogramme, l’explique, le présente dans les écritures archaïque, classique et moderne (il faut); il étale sa culture et sidère l’auditoire qui s’extasie. L’enseignant semble au fait de toute la culture d’origine et, en véritable érudit apparent il comble ses ouailles. Cela fonctionne très bien auprès de ceux qui aiment les concepts, s’abreuvent d’enseignements intellectuels, sont attirés par le mystère, l’ailleurs. Ils trouvent là matière à rêver...

Cette apparence est bien entendu dans la carte de visite et l’affiche qui sont la vitrine de l’enseignant. Un diplôme, un certificat, un grade, l’appartenance à une fédération ou groupement, à une école, à une lignée sont affichés. Ils ont un rôle de double cautionnement: technique et juridico-administratif. C’est une nécessité pour être prospère (c’est aussi là que l’on retrouve les raisons qui ont fait qu’en amont, au temps où celui qui n’était encore qu’un futur enseignant s’est plus ou moins essoufflé pour obtenir avantage auprès de divers organismes, sachant qu’il l’utiliserait le moment venu).
La carte de visite inclue généralement l’effectif du groupe. Avoir beaucoup d’élèves ne peut qu’être bon signe et l’enseignant n’hésite pas à s’y référer, présente ceci comme une preuve de qualité. Cette présentation, cette vitrine doivent être attractives et offrir ce gage de qualité. Cela fonctionne très bien auprès de ceux qui aiment l’assurance, la garantie, qui fonctionnent au label et qui ont besoin d’être rassuré qu’ils sont bien au bon endroit.

Cette apparence est aussi dans les années affichées de pratique. Tant de décennies d’exercice d’une même discipline ne peuvent produire que du bon, c’est évident... Elles donnent souvent en tout cas à l’enseignant une assurance qui le conforte dans sa situation... et chez qui on rencontre bien souvent une mentalité d’ancien combattant... Mais si l’on gratte un peu, on s’aperçoit qu’il convient de soustraire à ces décennies de pratique les périodes d’interruption, les abandons durant un temps de la discipline enseignée aujourd’hui au profit d’autres activités. Alors les années de pratiques affichées se réduisent comme peau de chagrin. L’apparence y perd là de son éclat. Mais ceci ne sera pas retenu par ceux qui veulent voir leur enseignant tel que eux le veulent, comme ils le souhaitent: un concentré de leur demande, la matérialisation de leurs rêves. Et lorsqu’ils l’ont trouvé, ils l’érigent sur un piédestal et écartent tout ce qui pourrait le faire vaciller. La déception serait trop grande.

Mais qu’en est-il de la réalité derrière cette apparence?

L’apparence dépassée, l’incursion derrière les premiers arbres révèlent la forêt et la réalité de l’enseignant. Certes il présente bien, il parle bien, il connaît quantité de gestes techniques....

Mais alors, pourquoi lorsqu’il effectue ses formes techniques, ou bien qu’il marche simplement dans la rue, ses appuis ne sont pas justes ? Chevilles tordues, voûtes plantaires affaissées, et ceci ne trompe pas. Des appuis non justes engendrent une mauvaise répartition du poids du corps, entraînent des perturbations en chaîne ascendante, d’abord au niveau ostéo-articulaire, vers la colonne vertébrale, l’articulation sacro-iliaque notamment, le crâne et les membres supérieurs. Puis, dès lors, s’ensuivent les perturbations musculaires, avec une hyper tonicité de certains muscles et un sur-étirement d’autres muscles. Des torsions tissulaires ensuite, avec une transmission des perturbations par la chaîne des fascias. Des conséquences par perturbations des influx nerveux qui empreintent essentiellement les systèmes sympathique et parasympathique. Et, de fait, viscérales et endocriniennes par voies nerveuses et vasculaires, perturbées par les torsions tissulaires. Des blocages et perturbations de la circulation du Qi, du sang et du liquide organique.
Comment dans ces conditions peut-il faire circuler librement son Qi dans sa pratique de la discipline qu’il prétend maîtriser ? Est-ce toujours normal après plusieurs décennies de pratique ? Mais il enseigne tout de même...

Pourquoi superpose t’il toujours aux gestes techniques qu’il enseigne des théories énergétiques tirées des textes anciens, au lieu de décrire comment tel exercices ouvre la circulation ici, tel autre la ferme là, et comment avec cet autre on concentre ou disperse, en décrivant les sensations et les effets ressentis durant l’exécution de ces gestes ?

Pourquoi se cantonne t-il toujours dans les citations, les aphorismes des anciens et n’appuie t-il pas son enseignement sur son expérience et ressenti propres ? Expliquer l’art avec ses propres mots à soi, jaillis de l’instant, en lisant dans le ressenti des circulations internes de l’énergie, durant le présent de la pratique, font que l’art et son enseignement sont à ce moment-là tellement plus vivants.

Pourquoi tel enseignant ne se supporte t-il pas en assise méditative et ne s’est-il toujours pas tourné vers la méditation, même sur le tard de sa vie ?

Pourquoi les sautes d’humeur de tel autre persistent malgré les ans qui passent ? Il n’y a donc pas d’évolution, d’amélioration de sa personnalité ?

Pourquoi un enseignant de longue date a t-il besoin, malgré ses décennies de pratiques, d’aller toujours chercher auprès d’autres de la matière pour pratiquer ? Alors qu’à partir d’un certain temps de pratique, certes variable selon les uns et les autres, le chemin consiste essentiellement dans l’approfondissement de l’acquis. Dans la pratique personnelle où l’on trouve ce qu’il y a à trouver, où l’on progresse toujours plus dans l’exploration du vécu, où l’on trace sa propre voie en défrichant l’inconnu par cet approfondissement personnel de la pratique. S’il recherche encore ailleurs, c’est donc qu’il ne trouve rien dans sa pratique personnelle... Mais peut-être est elle devenue inexistante aujourd’hui, derrière les lauriers d’un passé qui peut tout à fait avoir été de qualité.

Les points évoqués ici comptent parmi tous les indicateurs (et il y en a bien sûr d’autres) qui témoignent du niveau réel d’un enseignant, du degré véritable de son intégration de la discipline qu’il enseigne. Du stade d’évolution personnelle où il en est réellement. Malgré les apparences et les diplômes, malgré les années de pratiques et le nombre d’élèves, la qualité des enseignants et des enseignements est très variable.

Autant d’éléments qu’il sera possible d’observer chez l’un ou l’autre enseignant, qui permettront de les situer et qui éviteront peut-être à certains jeunes adeptes de l’art, évidemment non connaisseurs et parfois un peu naïfs, de se faire abuser.

F. Fournier

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