Réponse à la question de Michèle

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46/ Notre enseignant nous dirige constamment vers la «Grand Etude» et je trouve que cela fait de plus en plus endoctrinement. Cela me gêne. Qu’en pensez-vous?
Michèle

Il semblerait que votre enseignant affectionne le Confucianisme...

Les styles interne et externe qui font notre art sont issus d’une culture et il est bien normal de s’y intéresser. Il ne faut pas oublier cependant que cette culture est un syncrétisme de différents courants de pensée et qu’à ce titre on doit s’intéresser à tous et pas qu’à un seul. Ainsi, le Taoïsme, le Confucianisme, le Bouddhisme Tchan et les pensées anciennes regroupées sous le vocable des «Cent Ecoles» méritent-ils d’être abordés autant les uns que les autres. S’opposant, s’influençant mutuellement, les rapports qu’ils entretiennent évitent à l’étudiant de se laisser trop influencer par un courant et l’éloignent de l’endoctrinement.

Cet intérêt pour la culture d’origine d’où provient notre art va tout à fait dans le sens des investigations nécessaires, à un moment donné, dans le parcours du pratiquant. Quand pour lui vient le moment, il a besoin de fouiller en profondeur, de comprendre et éprouver tout ce que son enseignant ou Maître lui a appris, et qu’il a reçu sans discuter, avant de le faire définitivement sien (voir le livre "Forger le Dragon" - les étapes du discipulat).

Cependant, cette période d’investigation consiste toujours à de l’acquisition qui, après l’acquisition technique, demande l’acquisition culturelle. Et c’est encore et toujours de l’acquisition. Il restera au pratiquant à «digérer» tout son acquis pour que tout ceci s’inscrive dans son évolution qualitative personnelle.

Tout comme il y a un risque de rester prisonnier de la technique et de ne pas évoluer tout en passant sa vie à la perfectionner, il y a le risque de s’enliser dans l’étude de la culture et de s’y perdre. Alors, le pratiquant-étudiant, au fur et à mesure qu’il étudie de plus près, développe un grand savoir mais s’égare et s’écarte du but réel de la pratique et de l’étude qui est de vibrer et palpiter dans le vécu de l’instant, au cours de sa pratique bien sûr, mais aussi dans celui de la vie de tous les jours.

Etudes technique et culturelle, en plus de permettre d’acquérir méthodes de combat et d’entretien de la santé, ne sont que des supports permettant de transformer les acquis en vitalité dans l’évolution personnelle. De qualifier la sensibilité et la vibration personnelles, de les rendre de plus en plus fines afin que les relations entre l’individu et tous ses environnements (univers, nature, social, affectif etc.) puissent être vécu au mieux et rendent in fine la vie riche et fructueuse.

Ne pas oublier que l’art est un tuteur sur lequel le pratiquant assoit son développement personnel global, son épanouissement, pas uniquement son savoir (voir "Forger le Dragon" - Pratique, Savoir et Connaissance).

Alors la «Grande Etude» ? Oui, et comme pour tous les autres courants de pensée (Taoïsme, Confucianisme, Bouddhisme Tchan, «Cent Ecoles»), étudier... puis oublier.

Et surtout, pratiquer, pratiquer, pratiquer en se fondant dans le vécu de l’instant présent, en fusionnant avec.

F. Fournier

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