Réponse à la question de Sébastien

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48/ Dans les enseignements de Taï Chi et Qi Gong on parle de plus en plus des neurosciences. Les enseignants expliquent les découvertes qu’elles font et les transposent ensuite dans leur enseignement. Est-ce utile ?
Sébastien

Il est vrai que chez certains enseignants de Taï Tchi et Qi Gong le vocabulaire utilisé en neurosciences s'immisce dans les cours. Ceci est favorisé par les neurosciences elles-mêmes qui, depuis quelques temps, investissent les domaines de la méditation, de la respiration, du Taï Tchi et du Qi Gong au cours de leurs recherches. Elles s’intéressent aux effets physiologiques de ces disciplines et utilisent un langage spécifique dans leurs observations et leurs analyses.

Ce qui modifie quelque peu le regard traditionnel qui se portait jusque là sur ces pratiques.

En effet, depuis toujours il y a toujours été question de Qi, de souffle, d'enracinement, de méridiens, d'échanges entre le ciel et la terre, de Yin, de Yang, d’interne et d’externe, etc. Ces notions et cette approche traditionnelle de la pratique, comme de la constitution et de la physiologie du pratiquant, demandent à être comprise à la lumière de la pensée et des philosophies qui ont fait naître Taï Tchi et Qi Gong. Et ceci n'est pas facile pour des esprit occidentaux façonnés différemment, habitués à des approches et des méthodes d'apprentissage empreintes de rationalisme, de raisonnement, de conceptualisation, d'intellectualisation et de mentalisation.

Pour découvrir toutes les richesses du Taï Tchi ou du Qi Gong, il est nécessaire d'abandonner, au moins provisoirement, l'acquis habituel et les méthodes d'apprentissages avec lesquelles on est familiarisé. Pour redevenir en quelques sorte «vierge» et réceptif à une autre manière de faire, à un autre regard sur le monde qui nous entoure, sur l'homme, que nous apportent les pratiques énergétiques telles que Taï Tchi et Qi Gong. Ce qui n'est pas du tout facile à faire pour l'esprit occidental. Aussi est-il tentant pour lui de prendre ce qui vient d'ailleurs et de l'interpréter à la manière occidentale et avec les moyens occidentaux. Et il ne s’en prive pas, modifiant de fait la nature intrinsèque de ces disciplines.

Et voilà que tel ou tel enseignant s'efforce d'expliquer la pratique du Taï Tchi en s'appuyant sur les «preuves» apportées par les neurosciences. Aussi se met-il à parler de «cognitif» pour décrire les perceptions ressenties durant la pratique; de «proprioception» pour parler des effets de telle ou telle posture de Qi Gong; de «connexions de synapses» pour justifier les passages et la circulation de l'énergie; du rôle des «neurotransmetteurs» pour exposer les progrès réalisés grâce à la stimulation de la transmission des messages par les molécules chimiques; «d'action réflexe» pour expliquer les bienfaits des pratiques énergétiques qui provoquent des réponses musculaires involontaires bénéfiques; de «potentiel d'action» etc., etc.

Malheureusement les résultas d'une telle initiative sont forts discutables. Au final l'enseignant noie l'élève dans un vocabulaire de pseudo-initié qui n'a d'autre effet que de le décourager au pire, de l'embrouiller au mieux, en tous cas d'obscurcir un peu plus les pratiques énergétiques déjà pas évidentes à saisir selon l'approche d'origine.

Le soleil s'appelle soleil et la terre s'appelle terre parce que l'homme les a nommé ainsi. Mais pour exister ils n'ont jamais eu besoin qu'on les nomme. Ils sont là et ils existent, et existaient bien avant la venue de l'homme. Sans nom. De même, Taï Tchi et Qi Gong n'existent que lorsque on les pratique. A ce moment-là la pratique EST, ressentie avant tout, et elle n'a pas besoin d'être nommée. Seul compte le vécu ressenti durant l'exécution, les circulations internes que l’on goûte, les états de conscience que l'on traverse... sans un mot, sans une parole. Comme pour le soleil et la terre, ce que désigne les expressions Taï Tchi et Qi Gong existe seul par lui-même sitôt que l’on se met à pratiquer.

La transmission, la pédagogie ont nécessité le langage, les images et les noms afin de faciliter l'acquisition par le nouvel adepte. La tradition d'origine les a créé à partir d'elle-même, selon sa pensée, son contenu, sa nature pour permettre de découvrir, de saisir et de vivre les principes sous-jacents que renferment ces pratiques et auxquels elles conduisent. Car alors ce langage, ces images et ces noms en favorisent l'accès. Vocabulaire et ressenti sont en lien bien sûr, mais ils le sont également avec les lois énergétiques, l’analogie, et l’interactivité au sein même de l'individu, entre ses différents constituants, comme ils le sont avec son environnement et l'univers tout entier.

Expliquer que les synapses permettent le passage de l'énergie et améliorent l'apprentissage, apporte quelques précisions scientifiques sur les mécaniques internes de l'individu certes, mais est cependant bien réducteur. Car l'explication se limite au seul cadre humain. Utiliser le vocabulaire Yin-Yang d'origine pour décrire le mouvement de l'énergie au travers de ses différentes polarisations éclaire non seulement le fonctionnement humain mais aussi renvoie à tout type de mouvement d'énergie dans l'univers et relie à ce dernier. Le vocabulaire traditionnel permet de dégager les lois, les principes, l'intelligence du sens et une énergétique sous-jacentes contenues dans la culture d'origine dont la pensée et la culture occidentale sont totalement ignorantes (exemple: la notion de Koua - voir le livre A MAÎTRE PHU).

Les neurosciences sont de jeunes sciences qui existent en tant que telles et ont leur intérêt propre. Ce qu’elles mettent en évidence est à la fois instructif et fascinant. Toutefois leur recherches n’expliqueront jamais que les effets physiologiques de ces disciplines. Elles ne pourront jamais comprendre ce qu’elles sont par nature car ceci n’est accessible que par le ressenti de la subjectivité du pratiquant. Comme le permet de comprendre cette image déjà citée dans le livre Forger le Dragon:

«La pratique permet la découverte de soi de l'intérieur et non par la simple observation extérieure et l'analyse. Etudier une orange permet de savoir quelle est sa composition, sa structure, ses éléments chimiques, sa forme, sa couleur, sa teneur en vitamines, etc... mais ne donne aucune indication sur son goût et les sensations qu'elle procure lorsqu'on la mange. Il faut vivre l'acte de manger l'orange pour la connaître sous ces aspects-là».

Il n’est pas forcément très heureux d’établir des ponts entre les neurosciences et des disciplines beaucoup plus anciennes issues d’approches et de modes de pensées très différents. C’est même téméraire et hasardeux.

Bref, utiliser le langage des neurosciences dans les pratiques de Taï Tchi ou Qi Gong permettra sûrement à un enseignant de briller et d'enfumer ses élèves en leur faisant croire qu’il est savant, mais compliquera sûrement pour ces derniers l'accès aux subtilités de nos disciplines.

Et avec ceci, là encore, nous retrouvons ce phénomène de société (en occident) qui consiste à rechercher le label scientifique pour donner de l'éclat à des disciplines qui existent depuis des millénaires, se pratiquaient déjà alors que la science telle que nous la connaissons n’existait encore pas, et sans en avoir eu jamais besoin.

F. Fournier

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